Le gouvernement israélien va également révoquer les droits à la Sécurité sociale des « familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme ».
L’exécutif israélien avait annoncé des mesures à l’encontre de « familles de terroristes » après les deux attentats qui ont touché Jérusalem-Est depuis vendredi. La maison familiale du Palestinien qui a tué sept personnes dans la ville sainte vendredi a été placée sous scellés en vue de sa destruction ce dimanche.
Des soldats israéliens ont scellé les entrées de la maison de la famille de Khayri Alqam, 21 ans, après que des Palestiniens en ont sorti leurs affaires, a constaté un correspondant de l’AFP sur place. Sa mère a été maintenue avec quatre autres personnes en garde à vue, a indiqué la police, sur les 42 suspects arrêtés après la fusillade de vendredi dans le quartier de colonisation de Neve Yaacov.
Sept civils, dont un couple, une femme ukrainienne et un adolescent de 14 ans, ont péri vendredi soir dans cette attaque menée à Neve Yaacov, aux abords d’une synagogue. Le lendemain matin, un adolescent de 13 ans a blessé deux Israéliens à Silwan, à deux pas des remparts de la Vieille Ville. Aucune de ces deux attaques n’a été revendiquée.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait promis samedi soir une réponse « forte » et « rapide » à ces attaques menées dans la partie de la Ville sainte occupée et annexée par Israël.
Le gouvernement a également décidé de mettre sous scellés la maison de l’auteur de l’attaque de samedi à Jérusalem-Est, même si elle n’a pas fait de morts. Israël ne démolissait jusque-là que les maisons de Palestiniens qui assassinaient des Israéliens. Et ce processus passait par un préavis aux familles et une procédure d’appel.
Mais dans le cas de Khayri Alqam, la maison a été mise rapidement sous scellés, sans préavis ni appel, une mesure « prise au mépris total de l’État de droit », selon Dani Shenhar, de l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMoke.
Pour Israël, la démolition des maisons de Palestiniens accusés d’attaques a un effet dissuasif, mais les détracteurs de cette pratique la dénoncent comme un châtiment collectif.
Une révocation des droits sociaux
À l’issue d’une réunion, dans la nuit de samedi à dimanche, le cabinet de sécurité israélien avait annoncé la révocation des droits à la Sécurité sociale des « familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme ». Il avait également souligné qu’un projet de loi visant à révoquer « les cartes d’identité israéliennes » de cette même catégorie de familles, serait discuté lundi en Conseil des ministres.
Ces mesures s’appliquent à des Palestiniens ayant la nationalité israélienne, comme les Arabes israéliens, et aux Palestiniens ayant le statut de résidents de Jérusalem-Est.
Le cabinet de sécurité israélien avait enfin décidé de faciliter l’obtention de permis de port d’armes. « Quand les civils ont des armes, ils peuvent se défendre », avait déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite. Dans le quartier palestinien de Silwan, l’assaillant, muni d’un pistolet, a blessé un père et son fils soldat, âgés respectivement de 47 et 23 ans, selon la police et les secours, avant d’être à son tour blessé par des passants armés, puis arrêté.
La crainte d’une nouvelle Intifada
Ces attaques terroristes surviennent sur fond de brusque escalade après la mort jeudi de neuf Palestiniens dont des combattants et d’une sexagénaire, dans un raid de l’armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Les forces israéliennes ont été placées en état d’alerte maximale, et l’armée a annoncé renforcer ses effectifs en Cisjordanie alors que les appels à la retenue se sont multipliés en provenance de l’étranger.
Qualifiant l’attaque de crime « particulièrement abject », le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est par exemple dit « profondément inquiet de l’escalade de la violence ». L’Autorité palestinienne s’est abstenue de la condamner et jugé qu’Israël était « entièrement responsable de la dangereuse escalade ».
Emmanuel Macron a de son côté appelé Israéliens et Palestiniens à ne pas « alimenter l’engrenage de la violence ».
Mais les annonces de Netanyahou n’ont pas suffi à calmer la colère de certains Israéliens et les craintes d’une justice plus expéditive se font sentir. Des gardes de sécurité israéliens ont tué un Palestinien de 18 ans, Ali Ahmad Salmane, près d’une colonie israélienne en Cisjordanie, ce dimanche selon les autorités palestiniennes. L’armée a affirmé qu’il était armé.
Une maison et un véhicule palestiniens dans le village de Turmus Ayya en Cisjordanie ont également été incendiés, attaque imputée par des habitants à des colons israéliens. Un responsable de la sécurité israélienne a accusé des extrémistes israéliens.
Selon l’agence officielle palestinienne Wafa, 120 voitures ont été la cible de pierres lancées par des colons israéliens, et 22 magasins ont été attaqués à Naplouse en Cisjordanie samedi soir.
Source: Le Parisien